Je prends mon carnet et mon appareil photo et m’en vais retrouver Audrey.
Notre rendez-vous est fixé entre 14h30 et 15h, à la fin du service.
Je commande un café et m’installe sur la terrasse ombragée.
Elle est presque vide mais l’agitation du midi y est encore palpable : des fonds de vin dans les verres ballon, des serviettes froissées, des panières à pain vides. Le désert post-service ne l’est pas tout à fait : il y a encore un groupe de 4 personnes qui semblent se sentir chez eux.
Je finis mon café, le rapporte au bar où Audrey s’active.
Audrey, c’est celle qui tient l’auberge depuis 5 années et qui accueille ses clients, habitués ou simples passagers, avec un sourire franc. Elle travaille avec Coco qui depuis près de 18 ans, orchestre d’une main de chef dans cette cuisine ses recettes.
Chaque midi à l’exception du lundi où l’auberge est fermée, le menu est simple -mais pas simpliste- : une entrée, 2 plats au choix et quelques desserts. Une cuisine faite maison et si vous voulez mon avis, avec le coeur.
En parlant d’avis, je glisse accoudée au bar que le café est délicieux. Il l’a été encore plus quand Audrey m’explique qu’il s’agit d’un torréfacteur local de cafés de spécialité : Lion d’Or Café. C’est aussi ça l’atout de l’auberge : proposer des produits d’artisans voisins, qu’il s’agisse de torréfacteurs ou de vignerons.
Je fais quelques photos tout en posant à Audrey des questions sur son parcours dans la restauration. Elle me partage des expériences et des anecdotes du passé qui explique des choix très concrets sur le fonctionnement actuel de l’auberge. Par exemple, on peut y venir manger exclusivement le midi, 6 jours sur 7 : cela permet d’éviter les fameuses coupures que connaissent bien les restaurateurs et d’éviter par la même occasion de se saigner à la tâche. Ce que je comprends surtout, c’est qu’en faisant le choix d’un seul et unique service par jour, Audrey et Coco choisissent d’offrir pleinement leur énergie et leur présence.
On parle également de lessive. Audrey m’explique qu’elle a fait le choix de ne pas en utiliser pour laver les torchons et que c’est aussi une des raisons pour lesquelles il n’y a pas de nappe. Manger est une expérience sensitive qui ne peut être perturbée par des odeurs autres que celles de la nourriture qui mijote.
Le souci du détail me rend admirative et davantage encore quand il est si subtil, caché derrière des décisions qu’on ne soupçonne pas. De toute façon, il n’y a rien d’ostentatoire ici. Ni dans la décoration, ni dans les menus, ni dans les échanges. Tout y est résolument authentique et sans fard.
« L’auberge n’a pas besoin de moi pour exister » : Audrey parle avec tendresse de ce lieu qui existe depuis une centaine d’années, tour à tour habitation, boulangerie, bistrot, office… Je souris quand je l’entends personnifier ces murs de pierre comme un vieux bonhomme qu’elle a simplement aidé à changer de tenue. Notamment avec cette terrasse absolument parfaite qu’elle a toute fait refaire. Ensemble, on regarde d’anciennes cartes postales où figure ce vieux monsieur dressé, qui était là bien avant nous et on l’espère, le sera bien après nous.
Menu du jour : 18€ entrée/plat/dessert
L'auberge de Poleymieux-au-Mont-d'Or
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